BrunoEdan2509 - page n°01
Bruno, Août 1980 Beaufort
Prière
J’étais blotti contre ma chaise,
Mes yeux aussi, s’étaient blottis
comme deux astres
qui palpitent - dans le froid des abîmes.
Mon regard de nuit
s’était blotti
contre le corps du Christ.
Ce corps mis en croix,
gémissant : la tête courbée,
courbée, courbée, courbée, courbée,
Cette tête épanchée :
Une larme se laissant écouler
d’un front marqué de rides :
rides d’émotions,
BrunoEdan2510 - page n°02
ayant sillonné et vibré
sur les cordes de cette face langoureuse
langoureuse, langoureuse, langoureuse
plus fragile encore
plus fébrile encore
plus émouvante encore
qu’un oiseau blessé
en son for intérieur.
Et qui ne pourra plus voler
comme avant ; avant, avant, avant
Et ne pourra plus effleurer
comme la brise,
car son aile de verre
de verre
a été fêlée
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Contre ce corps plaintif
Je me suis blotti
blotti
blotti
blotti
contre ce corps dévasté de peines,
contre cette plainte
consolant les miennes
et partageant les miennes
comme à la Cène ;
Je me suis réchauffé.
réchauffé
réchauffé
réchauffé
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Puis son ombre divine
évoquant le soleil,
faisait resplendir
à travers les parois
un vol transparent
Ayant raison de tout,
Faisant fondre les murs
et les façades :
“Ces climats sans frissons
et odeurs.”
Et dans ce vol transparent
ayant raison de tout
je me suis laissé bercé
consolé.