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14 mai 1980
Aujourd'hui j'ai tra-
vaillé toute la journée
à une grande fresque
sur Plogoff. Pour
l'instant on entre

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voit des corps s'entre-
mêler dans la plus gran-
de confusion. ce n'est-
qu'esquissé encore.
Moi quand je m'engage,
Je vais jusqu'au
bout, je ne me contente
pas de l'à peu près.
Cette fresque je vais la
fatiguer, puis la laisser
pourrir avec le même

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esprit qu'un crocodile
qui entraîne sa
proie sous les eaux puis
la laisse pourrir des jours
et des jours avant de
la dévorer, cette fresque
je vais la saturer jusqu'à
ses extrêmes limites
Je pense que pour
peindre il faut une extrême solitude

BrunoEdan2580 - page n°04
Quand vous peignez
il n'y a que ce que vous
peignez qui est important
le reste, c'est con
et superficiel !

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et n'en suis pas trop
mécontent, ça exprime
réellement un climat de violence,
la dominante est
rouge,
cela exprime la
mort, la désintégration
et le baptême du sang,
j'avais envie de rendre
cela, et je l'ai fait. C'est
une fresque non pour
séduire mais pour
choquer, cela ne ferait

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pas bien dans une galerie
ou dans une maison
car c'est réellement un
cri qui frôle l'hystérie.
Il a été décidé qu'elle ira
à Plogoff, lieu où est
la raison d'être
de cette fresque, je suis
sûr que peu de gens en seront
emballés.

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c'est un cri qui frôle
l'hystérie, une cruauté
dans la peur, c'est
une peinture qui rejoint
le manifeste d'Artaud
sur le théâtre
et la cruauté. Mais on
doit être cruel envers
soi-même, aller jusqu'au
bout afin que le cri de
la mort et donc de la

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délivrance sorte et hurle
comme libre, fête, exhu-
bérance, paroxisme,
invisibilité, profondeur
bonheur, tout cette somme de mots
qui composent le divin
qui est en nous sans qu'on
le sache. Quelqu'un à
dit je remets mon âme entre tes mains
car tout a été dit et accompli
en gros c'est la justification
de la vie.