POEME - LA SOLITUDE

"... Un oiseau qui piaille dans un paysage silencieux et enneigé. ..."


manuscrit du poème 2494

BrunoEdan2494 - page n°01


La solitude

La solitude oh grand
Seigneur !
C’est quand on a
envie d’aimer
on a envie d’
pleurer,
Et de n’pouvoir
le faire
Et d’avoir peur
de le faire.
C’est quand on a
honte d’avoir ces sentiments là
car les autres,
Les autres oh mon Dieu

manuscrit du poème 2495

BrunoEdan2495 - page n°02


ça les fait rigoler
et quand on est raillé
l’angoisse décuple.
La solitude
C’est une branche qui craque de désespoir
car elle est séparée de ses
racines.
Un oiseau qui piaille
dans un paysage silencieux
et enneigé.
Un vivant qui voudrait
mourir pour voir des gens
s’pencher sur sa
pauv’gueule toute blême
avec des larmes dans le regard

manuscrit du poème 2496

BrunoEdan2496 - page n°03


ah ! oh ! Mon Dieu, La solitude
C’est quand on a envie de regarder
les gens qu’on aime
sans avoir envie de leur
parler.
ah ! Mon Dieu
ah ! Mon Dieu
C’est lorsque je voudrais
ne plus savoir parler pour
ne pas déranger, mais me ranger
parmi les autres
et n’plus êt’seul !
oh ! Mon Dieu quand je préfère
la nuit car le jour est
comme un haut parleur qui
crie d’façon inhumaine
solitude ! solitude !

manuscrit du poème 2497

BrunoEdan2497 - page n°04


ah ! C’est quand les gens
n’vous aiment pas
n’pensent qu’à vous démo-
lir et n’vous acceptent
pas, car vous êtes sale
et ridicule
Je suis sale oh
seigneur
Je suis sale oh
seigneur
de solitude
Je suis nègre
oh seigneur
Je suis nègre
oh seigneur
de solitude
Je suis monstrueux
difforme

manuscrit du poème 2498

BrunoEdan2498 - page n°05


oh seigneur
de solitude
J’suis fatigué d’vivre
seigneur
J’ai pus le souffle
seigneur !
J’ai envie d’crever
seigneur !
Les jardins sans fleurs
et fontaines
m’donnent envie
d’être enseveli, seigneur
dans la terre noire
J’ai plus envie d’exister
à quoi ça sert d’exister
aaah ! oh j’veux crever
j’veux tomber …

manuscrit du poème 2499

BrunoEdan2499 - page n°06


… oh seigneur où est ma
mère
où sont
mes frères
mes soeurs
oh seigneur j’suis
tout seul
ils m’ont abandonné

manuscrit du poème 2500

BrunoEdan2500 - page n°07


oh seigneur ils m’ont abandonné
oh seigneur il m’en
faudrait peu
il m’en faudrait peu
avec ma sale gueule
mon aspect de singe blanc
il s’en faudrait
qu’le couteau
que j’avais
y’a pas si longtemps
je me l’enfonças
dans l’estomac
jusqu’à ce que les ténèbres
s’emparent de
mes yeux
dévorent
mes yeux

manuscrit du poème 2501

BrunoEdan2501 - page n°08


jusqu’à ce que les
ténèbres crèvent mes
yeux
ah je peins, je peins
pour m’donner quelqu’espoir
mais le soleil est
noir
Les forêts ne sont plus que des
troupes de gisants
les passants
que seulement
des passants
tout est mort
mort
Les ténèbres semblables
à des cannibales
ont tout pillé

manuscrit du poème 2502

BrunoEdan2502 - page n°09


Je peins, je peins
on trouve ses racines
là où on peut
ah ! je n’ai pas de racines
si j’en avais
jamais je n’peindrais
j’ai peint depuis tout
temps
car depuis tout temps
je n’ai pas de racines
peindre
peindre
peindre
au rythme des batte-
-ments du tambour
de l’émotion
au rythme du soleil
de la folie

manuscrit du poème 2503

BrunoEdan2503 - page n°10


avec la rage du volcan,
la voracité du tonnerre
couvrant
de scarifications
l’azur.
Moi je scarifierai
le temps
et la mentalité
du rythme occidental
Et les éléphants de la
pulsion insufflée
par les génies de la
nature.
oui une armada d’éléphants
surgiront,
escamoteront
le joug du béton,

manuscrit du poème 2504

BrunoEdan2504 - page n°11


oui je peins
je peins
pour faire parler la
mémoire de mon sang
qui m’indiquera
les racines d’où je viens
mais au fond
je suis fichu

manuscrit du poème 2505

BrunoEdan2505 - page n°12


mais au fait où je vais ?
suis-je sur la terre
pour être heureux ?
lorsque le soleil
sera rouge, que sa sphère
s’enroulera
s’enroulera
de plus en plus impériale,
quand son climat
aura la cruauté de
l’eau salée
quand cette sphère
semblable à une toile
d’araignée
fera rencontrer
et la terre
et le ciel
là mon tam-tam
pourra éclater
de mille monticules

manuscrit du poème 2506

BrunoEdan2506 - page n°13


de bois :
“les entrailles de la grande forêt”,
de la forêt magique
qui hurleront d’un cri
sortant des tréfonds des
narines du ventre
la fin du tourment
du voyage nocturne
oh grande forêt émouvante,
la fin du désert sans fin
avec la même fulgurance
qu’un esprit qui
s’envole d’une char-
-pente d’humain
et enfin je pourrais
dormir
d’mon faciès d’éternel
fatigué
car lorsque ce moment

manuscrit du poème 2507

BrunoEdan2507 - page n°14


viendra, il fera tard
tard
la paix spirituelle
m’aura tellement manqué
que j’aurais du
plaisir
à dormir
si fatigué
si fatigué
par l’angoisse
comme je l’étais
à force de chercher
des
racines
des racines
Dans la terre, bien en-
dedans, il y en a
autant qu’on en veut.

1978


Auteurs : Robert Edan - Marie-Thérèse Hodbert - Rodolphe Lochet
© Docteur Robert EDAN 2017